Il n’existe actuellement pas d’action reconnue permettant l’éradication du frelon asiatique ; jusqu’ici tous les efforts se sont montrés inefficaces, néfastes pour la biodiversité, et parfois couteux. De fait, l’agglomération de Vannes a suspendu son aide financière pour la destruction des nids de frelons asiatiques en 2021. Par ailleurs le danger que représente ce type de nid est minime pour nous humains, car généralement situé en hauteur et éloigné des habitations.
Mais cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas de programmes de recherche visant à trouver des solutions pour lutter contre cette espèce invasive. La démarche que nous suivons au Hézo est de suivre toutes les voies possibles et nous venons d’initier une expérimentation sur un nouveau procédé de piégeage.
Connaître le cycle de vie du Frelon asiatique
(D’après Rome et al., 2013 ; photos : JH = J. Haxaire, MD = M. Duret, QR = Q. Rome, CV = C. Villemant).
Dès la fin février une reine (dite fondatrice) se réveille pour fonder un nid provisoire pas très grand, où elle élèvera ses premières ouvrières. Rapidement la petite colonie s’agrandira, elle déménagera alors généralement vers les bois pour construire un de ces fameux gros nids, souvent visible de loin en haut d’un arbre. Ces gros nids s’agrandiront jusqu’à l’automne, moment où sont produites plusieurs centaines de nouvelles reines qui passeront l’hiver sous différents abris : écorces, tapis de feuilles, ou dans la fente d’un vieux tronc. Ce cycle peut repartir au début du printemps suivant grâce à ces nouvelles reines. On le voit, l’évolution de la population de frelons asiatiques suit une courbe exponentielle… fichue courbe, encore elle !
Alors, luttons….
Mais en sachant que pour l’instant aucune méthode n’a été validée scientifiquement pour éradiquer le frelon asiatique de notre faune. Il poursuit inexorablement sa progression vers le nord, l’est, et le sud de l’Europe (voir l’animation de l’extension du frelon asiatique : cliquez ici).
Pourquoi lutter alors ?
Ce prédateur d’insectes s’attaque malheureusement à nos abeilles chères productrices de miel. L’objectif de la lutte est donc essentiellement la protection des ruchers. On comprend pourquoi les apiculteurs sont motivés et créatifs en matière de lutte contre ce frelon qui non seulement boulotte leurs chéries mais en plus les terrorise. Il faut en effet savoir qu’une abeille terrorisée se met en grève de la faim, donc plus de récolte de pollen ni de nectar, bref plus de miel….
Mais alors, comment lutter contre le frelon asiatique sans détruire les insectes pollinisateurs ? Jusqu’ici on n’a pas été très efficace…
– Détruire les gros nids en été n’est en principe pas très utile dans la mesure où la reine prend souvent la poudre d’escampette, ce qui lui laisse le loisir de recommencer une autre colonie ailleurs… ; des milliers de nids ont ainsi été détruits en France sans que cela ne stoppe la progression effrayante vue dans l’animation ci-dessus.
– Autre solution : piéger et détruire les jeunes reines fondatrices au printemps.
Cela permettrait théoriquement de réduire le nombre de colonies se développant en été. Cependant à l’heure actuelle, il n’existe pas encore d’appât spécifique pour n’attirer que ces jeunes reines dans les pièges.
Il faut savoir que l’utilisation de pièges « faits maison » est catastrophique pour les insectes pollinisateurs qui paient un lourd tribut à cause de leur mise en place dans les jardins de particuliers, voulant bien faire en participant à la lutte, mais souvent mal informés.
Il existe encore des dizaines de recommandations sur internet pour faire soi-même ce « trucideur » de pollinisateurs sauvages. Cesser de les utiliser est réellement une bonne idée du point de vue de la biodiversité !
C’est ici qu’un apiculteur breton et créatif, Denis Jaffré, entre en scène en proposant de rendre le piège lui-même plus sélectif. Le dispositif de capture possède une entrée calibrée au millimètre pour laisser entrer les reines de frelons asiatiques mais pas celles du frelon autochtone (un peu plus grosses). Les autres insectes, plus petits, ont la possibilité de s’échapper du bac de capture par des fenêtres à leurs dimensions.
Le dispositif est à l’étude et fait l’objet actuellement d’un protocole d’évaluation piloté par le Muséum d’Histoire Naturelle. La commune du Hézo participe cette année à ce suivi qui permettra d’avoir des données précises sur les quantités de jeunes reines de frelon asiatique capturées. Mais il s’agira aussi de mesurer l’impact du dispositif sur les insectes pollinisateurs en dénombrant ceux qui s’y seraient quand même fait piéger.
Des étudiants de l’Université de Bretagne sud seront encadrés pour ce suivi de dénombrement et d’identification des insectes collectés dans les pièges.
Contactez la mairie pour toute question relative aux frelons asiatiques.
Philippe Maes, biologiste à l’UBS et Ehouarn de Bonviller, apiculteur, sont référents « frelon asiatique » pour la commune.
Pour en savoir plus sur le piégeage : http://frelonasiatique.mnhn.fr/piegeage-de-printemps-2021/
En cas de piqure : celle-ci n’est ni plus ni moins dangereuse que celle d’une guêpe ou d’une abeille http://frelonasiatique.mnhn.fr/precautions-a-prendre/